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Portfolio – Michèle Grenier

Photographe de sport à temps plein basée dans la ville de Québec, Michèle Grenier se spécialise dans le portrait d’action intense et authentique.

Nous lui avons demandé de décrire de quelle manière elle a réussi à développer son style distinctif et comment elle a tiré son épingle du jeu dans une profession que peu de femmes exercent. Ses réponses à nos questions reflètent une perspective inspirante et révèle l’étincelle créative derrière chacune de ses image.

Voici la transcription de notre discussion pour vous inspirer à votre tour!

Quelles démarches fais-tu pour préparer tes séances photos avec les athlètes dans divers sports?

Si je dois couvrir un athlète ou un sport que je n’ai jamais photographié, je fais des recherches sur internet. Je veux comprendre les règles, les mouvements et les moments clés. Je m’inspire d’autres photos pour concevoir ma propre vision. Si j’en ai l’occasion, j’aime assister d’abord à une pratique ou un entraînement pour faire des tests.

Comment obtiens-tu la permission pour photographer des athlètes durant une compétition?

Je prends d’abord contact avec l’organisation, qu’elle soit de niveau locale, nationale ou internationale. Ça me permet de m’assurer de deux choses. Premièrement: que j’ai le droit d’être là (c’est toujours un bon point de départ…)! En étant en relation avec les organisateurs, je peux obtenir un laissez-passer média (lorsque nécessaire) et conclure une entente sur la couverture, l’exclusivité et les tarifs des images.

Deuxièmement: s’il s’agit d’un évènement/une compétition où je vends les photos directement aux athlètes, il est important de vérifier s’ils sont intéressés d’en acheter. Ça semble évident… mais j’ai apprit à mes dépens que ce n’est pas toujours le cas!

As-tu rencontré beaucoup de défis en tant que femme travaillant dans un domaine principalement masculin? (J’aurais tendance à croire que le fait de montrer quelques-unes de tes photos suffirait à ouvrir des portes…)

 Mon expérience personnelle et professionnelle dans le milieu a toujours été très positive. J’apprécie la compagnie des hommes et apprendre d’eux. Ils sont faciles à vivre, motivés et ont le coeur à l’ouvrage. J’ai de la confiance et du respect pour moi-même, mon travail et les gens qui m’entourent. Je pense que ça se ressent et attire naturellement les mêmes qualités en retour.

Dans ton blogue, tu parles de ta transition du DSLR au sans miroir. Comme plusieurs de nos lecteurs envisagent de faire la même chose mais certains ne peuvent pas justifier les dépenses qu’implique ce changement. Peux-tu nous parler des avantages du passage aux systèmes sans miroir? Utilises-tu encore un DSLR à certaines occasions?

Passer d’un reflex numérique (DSLR) à un appareil photo sans miroir a été ma plus importante – et meilleure – décision financière. Je tiens cependant à préciser que j’ai réussi d’excellents clichés avec mon équipement reflex, avec des capteurs APS-C comme en plein format.

Les trois principales raisons pour lesquelles j’ai décidé d’investir dans un système sans miroir étaient: des performances autofocus accrues, de meilleures capacités ISO et une très grande qualité d’image. J’ai également découvert plus tard à quel point il était pratique d’avoir un obturateur silencieux! Me déplacer sans me faire remarquer est, à mon avis, une des choses qui me permet d’obtenir les photos les plus authentiques.

Résultat: j’ai beaucoup plus d’images réussies (en focus), je m’amuse beaucoup en post-production et mon travail – que j’adorais déjà – est devenu encore plus agréable!

Combien de temps est-ce que ça te prends pour te préparer à une séance photo?

J’aime généralement connaître la ou les séances d’entraînement(s) et/ou les mouvements qui seront exécutés. Je demande également combien de vagues et d’athlètes il y aura lors de l’évènement ou de la compétition. Si ça se déroulera à l’intérieur ou à l’extérieur, si j’aurai la liberté de me déplacer ou si je devrai rester à un endroit précis.

Pour les installations en studio, quel équipement et quel éclairage utilises-tu?

Pour être honnête, le terme “installation” ne fait pas vraiment partie de mon vocabulaire.  J’utilise un équipement minimal (deux boîtiers et des objectifs de qualité) pour pouvoir me déplacer comme un ninja!

Pour les shootings à l’extérieur et dans les gyms, quel matériel choisis-tu? Fais-tu des repérages avant l’événement pour déterminer les emplacements optimaux, l’éclairage et la logistique nécessaire?

J’aime arriver tôt pour me mettre tranquillement dans l’ambiance (ça me vient de mon côté introverti) et me promener dans l’environnement. Je recherche les sources de lumière naturelle (fenêtres, lampes, soleil…) et les angles qui me donneront le meilleur effet. J’adore les éclairages latéraux et en contre-jour pour créer un maximum d’intensité et de profondeur.

Pour ce qui est du matériel, j’emporte deux boîtiers (des Sony a9) que j’accroche sur un harnais. Ma combinaison d’objectifs préférée est une focale normale (Sony Zeiss 55mm f/1.8) et un téléobjectif (Sony 135mm f/1.8). J’utilise ce duo la plupart du temps, à l’intérieur comme à l’extérieur. Si l’espace est plus restreint ou au contraire, très large, j’utilise également grand angle (Sony 28mm f/2) ou un plus long télé (Sony 100-400mm f/4.5-5.6) selon les besoins.

Dans votre récente critique du zoom Tamron 70-180mm f/2.8, tu mentionnes que tu utilises généralement des objectifs à focale fixe. Ils sont pratiques pour photographier des sujets à une distance stable et lorsque et lorsqu’on a la possibilité de se déplacer pour obtenir une meilleure perspective. Est-ce que l’expérience avec le zoom t’as permit d’ajouter de la flexibilité à ton travail dans les occasions où tu ne pouvais pas te déplacer aussi librement dans le gym?

J’avais un budget très limité lorsque j’ai commencé en photographie. Je n’ai acheté que de l’équipement que je pouvais me permettre pour photographier dans les gyms. Le premier objectif que j’ai acheté – un 50 mm f/1.8 – est tout ce avec quoi j’ai travaillé pendant un certain temps. Lorsque j’ai gagné un peu d’argent en travaillant à mon compte, j’ai investi dans un 20 mm f/1.8 et un 180 mm f/2.8, tous deux usagés. Ces trois objectifs étaient tout ce que je possédais comme équipement. Pas le choix de se débrouiller avec ça!

Quand ma carrière s’est développée et que j’ai passé du DSLR au sans miroir, j’ai délibérément choisi de racheter exclusivement des objectifs à focale fixe (mis à part la 100-400mm). Je pense qu’ils ont tout simplement devenus une partie de moi et de mon travail! Je me suis habituée à “zoomer avec mes pieds” ainsi qu’au bokeh et à la lumière que me procure les grandes ouvertures. Qui eut crut que mes débuts modestes deviendraient en fait l’essence de mon approche et de mon style photographique!

Les disciplines que je couvre me permettent généralement de me déplacer librement. En revanche, si je couvrais du hockey, du soccer ou du football, je n’aurais peut-être pas cette chance. Les zooms à grande ouverture (comme le 70-180 mm f/2.8 de Tamron) seraient alors indispensables.

Certains grands photographes portraitistes, comme Annie Leibovitz, planifient leurs images à l’avance et s’en tiennent au plan, en l’adaptant si nécessaire sur place. Planifies-tu à l’avance les photos que tu veux capter? Consultes-tu les athlètes pour connaître leur point de vue?

Ça dépend du contexte. S’il s’agit d’une compétition, j’ai un plan de match mais je me laisse aussi beaucoup porter par l’énergie et l’émotion du moment.

S’il s’agit d’une séance photo commerciale, je m’assure de comprendre la vision et les besoins de mon client. J’aime beaucoup le travail d’équipe et je suis absolument ouverte aux commentaires, aux idées et aux suggestions. C’est surprenant de voir à quel point les gens sont créatifs (et souvent plus intelligents que moi!).

Un des meilleurs compliments que j’ai reçus c’est “Tes photos goûtent!”. J’ai trouvé ça tellement trippant! Je ne suis pas intéressée à montrer les choses évidentes que tout le monde voit. Je veux que les gens ressentent une émotion quand ils regardent mes photo au-delà de voir une simple image.

Le sport partage et symbolise plusieurs valeurs profondes et puissantes. Fierté, plaisir, travail, victoire, défaite, discipline… Si je suis en mesure de partager ce message à travers mes images et d’inspirer les gens à donner eux aussi leur 100% dans leur vie, alors j’aurai le sentiment d’avoir réussi mon travail.


A propos de l’auteur:

MICHÈLE GRENIER est une photographe de sport à temps plein basée dans la ville de Québec. Elle se spécialise dans le portrait d’action intense et authentique. Elle est également auteur pour le site américain Photofocus.com, ambassadrice pour les logiciels Skylum Software et coach de photographie.

Trouvez son portfolio, ses infos et son blogue sur son site web: www.michelegrenierphoto.com .

Lisez ses articles sur Photofocus (anglais): https://photofocus.com/author/michelegreiner .

Abonnez-vous à sa chaîne YouTube pour en apprendre davantage dans ses vidéos hebdomadaires sur la prise de vue, le traitement et l’équipement photo: https://www.youtube.com/channel/UCLFmIiD-YUlUX2Hzp4Q9ytA

Suivez Michèle dans ses aventures sur Instagram et LinkedIn: @MicheleGrenierPhoto

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